Sandrine PONTHIEUX – Interview Passion Supply Chain

San­drine PONTHIEUX, Mana­ger Achats et Ges­tion des flux se prête au jeu de l’interview Pas­sion Sup­ply Chain.

Photo_portrait_Sandrine Ponthieux

Interview Passion Supply Chain

Sandrine, on aimerait en savoir un peu plus sur vous…

J’ai 20 ans d’expérience dans l’industrie agroa­li­men­taire à dif­fé­rents postes opé­ra­tion­nels et  dans dif­fé­rents domaines : HSE, pro­duc­tion et Sup­ply Chain.

Je suis dyna­mique, prag­ma­tique et curieuse. J’ai besoin d’autonomie, d’objectifs et d’évolution. C’est pro­ba­ble­ment pour­quoi j’aime le chan­ge­ment de situa­tion et la richesse des appren­tis­sages que cela pro­cure. J’ap­pré­cie par­ti­cu­liè­re­ment les mis­sions qui requièrent per­for­mance et communication.

Ce qui m’anime à ce jour est de ser­vir au mieux le client. 

Enfin, mon par­cours me per­met d’avoir une vision glo­bale d’un sujet en indus­trie ain­si que de l’impact pour l’ensemble des ser­vices concernés.

Comment avez-vous vécu ces 1ers mois de confinement en 2020, éloigné physiquement de vos clients et de vos collègues ?

Nous avons eu la chance de faire par­tie d’une entre­prise qui a conti­nué son acti­vi­té. En outre, j’ai repris à cette même période la ges­tion du ser­vice logis­tique. Je n’ai donc pas été éloi­gnée des clients.

Par contre en interne, cette période m’a mar­quée. Elle a été com­pli­quée à gérer mais ter­ri­ble­ment pas­sion­nante. Il a fal­lu assu­rer l’ensemble du flux de la pla­ni­fi­ca­tion de pro­duc­tion, des com­mandes clients en pas­sant par la récep­tion des mar­chan­dises et aux « calls » avec les fournisseurs …

En même temps, il y a eu une fer­veur et une entraide très forte avec le per­son­nel et l’encadrement présents.

Quelles ont été les actions menées ces 3 dernières années au sein de votre entreprise en termes de performance de sa Supply Chain ?

La struc­tu­ra­tion des flux de la bras­se­rie a repré­sen­té un véri­table chal­lenge. Je le déve­loppe plus bas dans l’interview, à la ques­tion « Votre plus gros challenge ? ».

Sandrine, quel métier vous faisait rêver lorsque vous étiez enfant ?

Fran­che­ment, je ne me rap­pelle pas rêver d’un métier en particulier.

Alors, si vous changiez d’orientation, vers quel (s) domaine (s) d’activités seriez-vous tentée d’apporter vos compétences ?

J’ai tou­jours été ten­tée par le com­merce BtoB.

Mon par­cours Sup­ply Chain m’a autant pré­pa­rée à l’op­ti­mi­sa­tion des coûts qu’à l’a­mé­lio­ra­tion de l’ex­pé­rience client. 

Je porte mon atten­tion sur le Taux de Ser­vice et les *KPIs Expé­rience Client. Répondre aux attentes de clients (de plus en plus exi­geants), reste un enjeu majeur pour les orga­ni­sa­tions, tant en BtoB qu’en BtoC. 

En outre, j’ai tou­jours entre­te­nu un contact étroit avec le com­merce : les com­mer­ciaux ont tou­jours joué le jeu avec moi, en accep­tant de me par­ta­ger leurs prévisions.

Ain­si, ser­vir le client est ce qui m’anime le plus à ce jour tout en gar­dant un lien avec l’industrie, le pro­duit. Mon expé­rience sur le fonc­tion­ne­ment glo­bal d’une indus­trie, alliée à mon rela­tion­nel et à ma capa­ci­té de négo­cia­tion seraient je pense, des atouts intéressants.

* https://www.extens-consulting.com/fr/kpis-experience-client/

Parlez-nous de votre parcours et de vos expériences professionnelles ?

J’ai com­men­cé par un DUT Agroa­li­men­taire, sui­vi de 3 années en QHSE.

J’ai eu la chance d’exercer plu­sieurs métiers au sein d’entreprises agroa­li­men­taires grâce à des diri­geants d’entreprises qui m’ont fait confiance. Ils n’ont pas hési­té à me confier de nou­velles missions.

J’ai débu­té ma car­rière au poste de res­pon­sable sécu­ri­té indus­trielle, qui était une créa­tion de poste.  L’objectif était de tra­vailler sur la par­tie sécu­ri­té indus­trielle en renouant le contact et la confiance avec les auto­ri­tés admi­nis­tra­tives et d’aboutir à la réa­li­sa­tion d’un dos­sier ICPE sur site SEVESO. J’ai pu jouer le rôle de trait d’union entre direc­tion indus­trielle et admi­nis­tra­tion. Le second était la mise en place d’un sys­tème de mana­ge­ment de la sécurité.

Après la mise en place de ce ser­vice, j’ai sou­hai­té inté­grer la fabri­ca­tion. Ce qui a été pos­sible en tant que chef d’équipe. J’y ai appré­cié ce rôle de lea­der, la fer­veur d’une équipe et la décou­verte du mana­ge­ment direct.

J’ai pour­sui­vi par des expé­riences en Sup­ply Chain avec les postes d’ordonnanceur dans la trans­for­ma­tion du légume et de Sup­ply pla­ner dans la trans­for­ma­tion du foie gras. J’y ai appris ces métiers pas­sion­nants et le rela­tion­nel entre ser­vices, et j’y ai com­pris tout l’intérêt d’avoir occu­pé un poste de pro­duc­tion au préa­lable. J’ai pu jouer le rôle de trait d’union entre agro­no­mie et fabri­ca­tion, puis entre fabri­ca­tion et logistique.

Par la suite, j’ai rejoint le milieu de la bière, en com­men­çant par un poste d’acheteur – appro­vi­sion­neur, que j’ai éga­le­ment découvert.

Parlez-nous de vos expériences en tant qu’acheteur ? 

Ces expé­riences ont été enri­chis­santes de mon point de vue, de par l’équilibre rela­tion­nel que ce métier requiert.

Il est inté­res­sant et néces­saire de nouer un par­te­na­riat fort avec les four­nis­seurs, sans oublier la per­for­mance et le résultat.

L’échelle temps est aus­si impor­tante. Il faut savoir se pro­je­ter sur le long terme et se rap­pe­ler que tout est cyclique.

Chaque rela­tion est dif­fé­rente et néces­site une forte capa­ci­té d’adaptation.

Quel a été le déclic ou l’expérience qui vous a amenée à vous intéresser à la Supply Chain et à la logistique ?

Tout d’abord, mon expé­rience de Sup­ply plan­ner de foie gras cru… où 80% du volume se fait sur un mois.

Et aus­si, la réus­site de ma pre­mière sai­son et ce lien pri­mor­dial avec les acteurs de la pro­duc­tion et de la logistique.

Votre plus gros challenge ?

C’est pro­ba­ble­ment la struc­tu­ra­tion des flux d’une brasserie.

Cette struc­tu­ra­tion a tout d’a­bord com­men­cé par la col­la­bo­ra­tion avec le ser­vice com­mer­cial afin de construire des pré­vi­sions de vente exploitables. 

J’ai pour­sui­vi par la construc­tion d’une pla­ni­fi­ca­tion de pro­duc­tion ayant per­mis de :

  • dimi­nuer le nombre de chan­ge­ments de for­mats sur l’atelier de condi­tion­ne­ment en ayant le bon pro­duit semi fini dans la quan­ti­té néces­saire à la taille du run,
  • de réa­li­ser des plans de charge et d’informer l’encadrement de pro­duc­tion de la charge de l’atelier sur l’année.

En paral­lèle, j’ai pu mettre en place les outils d’approvisionnement basés sur la pla­ni­fi­ca­tion de pro­duc­tion per­met­tant de sto­cker au plus proche du besoin, mais sur­tout d’envoyer des pré­vi­sion­nels à nos fournisseurs.

Une des der­nières étapes a été la mise en place d’un flux pous­sé vers notre pla­te­forme logis­tique pour mieux mai­tri­ser le sto­ckage des pro­duits finis, ain­si que d’un boo­king de récep­tion afin de lis­ser l’activité logistique.

Tout cela a bien évi­dem­ment été pos­sible grâce à la confiance de la direc­tion de l’entreprise ain­si que l’engagement des dif­fé­rentes équipes impliquées.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Je suis à l’aise dans les situa­tions où la pres­sion monte. J’aime les situa­tions où il faut trou­ver des solu­tions pour atteindre l’objectif, pen­ser glo­bal, décider.

Quelles sont les qualités essentielles pour exercer votre métier ?

Une bonne connais­sance des métiers amont et aval : com­mu­ni­ca­tion – prise de déci­sion – adaptation.

Si vous pouviez décrire votre métier en une image ?  

J’aime par­ti­cu­liè­re­ment ce com­men­taire du Point au sujet du chef d’orchestre. 

Je le cite volon­tiers car c’est ce vers quoi je tends dans tous les métiers que j’ai exer­cés : « Le chef d’or­chestre trouve toute son uti­li­té au début d’une nou­velle com­po­si­tion. Il va faci­li­ter la mise en place de l’œuvre, en la colo­rant de son res­sen­ti. Il donne le ton, le mou­ve­ment et quelques repères pour syn­chro­ni­ser l’en­semble. Quand tout est calé, il pour­rait s’en aller ». Le Point

Chef d’orchestre avec ses musiciens

Quelles sont les difficultés liées à la nature de votre métier ?

Je pense que la mécon­nais­sance de nos fonc­tions et de son rôle de sup­port repré­sentent la prin­ci­pale dif­fi­cul­té. Il est néces­saire d’expliquer aux fonc­tions « his­to­riques » leur inté­rêt, et l’intérêt de l’entreprise de struc­tu­rer les flux.

Chif­frer les gains asso­ciés aux évo­lu­tions de méthodes de tra­vail est éga­le­ment une difficulté.

Les enjeux de la Supply Chain sont passionnants. Si vous deviez convaincre des étudiants de s’intéresser aux métiers de la Supply Chain ou d’y faire carrière : que leurs diriez-vous ?

Les métiers de Sup­ply Chain sont variés mais pré­sentent un point com­mun : la satis­fac­tion de ser­vir le client – qu’il soit interne ou externe.

Ces métiers per­mettent de décou­vrir la vision glo­bale d’une entre­prise et les rouages entre ser­vices. Ce sont des fonc­tions sup­port qui visent à flui­di­fier les actions entre ser­vices et à leur don­ner de la vision. Ces fonc­tions sont pas­sion­nantes, et néces­sitent beau­coup d’énergie.

Mer­ci d’avoir par­ti­ci­pé à l’interview Pas­sion Sup­ply Chain Sandrine !