Clarisse MOTOGO – Interview Passion Supply Chain

Cla­risse MOTOGO, Mana­ger de l’ad­mi­nis­tra­tion des ventes a accep­té de se prê­ter au jeu de l’in­ter­view Pas­sion Sup­ply Chain.

Interview Passion Supply Chain – Photo de Clarisse MOTOGO

Interview Passion Supply Chain

C’est à l’oc­ca­sion de la visite du site tri-modal de Com­bronde, orga­ni­sée par le Club logis­tique glo­bale Rhône-Alpes, que j’ai fait la connais­sance de Cla­risse, une jeune femme pleine d’enthousiasme !

Clarisse, on aimerait en savoir un peu plus sur vous…

Je suis très rela­tion­nelle. Je tisse faci­le­ment mes rela­tions et je tiens à les main­te­nir ! A mon avis, la rela­tion humaine est essen­tielle pour être en équi­libre tant sur le plan pro­fes­sion­nel que personnel !

C’est d’ailleurs cette vision qui m’a orien­tée vers le métier de la Sup­ply Chain. J’ai pu décou­vrir un métier trans­verse qui me met indé­nia­ble­ment en rela­tion avec les dif­fé­rentes fonc­tions de l’entreprise mais aus­si avec les par­ties pre­nantes externes de la chaine de valeur.

De nature dyna­mique, il me fal­lait un métier en per­pé­tuel mou­ve­ment qui s’adapte à son envi­ron­ne­ment et aux dif­fé­rentes contraintes et aléas, un métier qui me per­met de ne pas m’ennuyer…

Comment avez-vous vécu les 1ers mois de confinement en 2020, éloignée physiquement de vos collègues, vos clients et de vos équipes ?

Fort heu­reu­se­ment je n’ai pas vécu les pre­miers mois de confi­ne­ment 2020 en France. J’étais encore au Gabon.

J’ai tra­vaillé durant cette période aux heures nor­males sachant que les acti­vi­tés de l’entreprise dans laquelle j’exerçais étaient consi­dé­rées par le Gou­ver­ne­ment comme essen­tielles, notam­ment le char­ge­ment et la livrai­son des hydro­car­bures, des conte­neurs de marchandises…

Il fal­lait plu­tôt s’adapter à une nou­velle orga­ni­sa­tion des équipes pour réduire les effec­tifs pré­sents sur nos dif­fé­rents sites afin de limi­ter le risque de cas contacts… Il fal­lait aus­si s’adapter aux consignes impo­sées par nos dif­fé­rents clients sur leur site…

J’avoue que cette période était d’une forte incer­ti­tude, impac­tant le moral aux vues de toutes les infor­ma­tions média­tiques, les mesures gou­ver­ne­men­tales et de l’OMS… A ce moment, on use de notre capa­ci­té de com­mu­ni­ca­tion pour mieux fédé­rer les équipes, les ras­su­rer et sur­tout les moti­ver à tra­vailler dans de telles conditions…

Comment se porte la Supply Chain avec les bouleversements actuels et pensez-vous que les entreprises devraient repenser leurs stratégies de chaîne d’approvisionnement ?

Nous avons vu qu’au fil des années, la Sup­ply Chain s’est adap­tée à l’évolution de son envi­ron­ne­ment afin d’optimiser les res­sources et déli­vrer la qua­li­té de ser­vice. Les outils ont été créés et ont évo­lué. Ils conti­nuent d’ailleurs d’évoluer pour per­mettre une meilleure visi­bi­li­té de la SC. 

Au regard des évè­ne­ments inat­ten­dus et aléas, nous mesu­rons de plus en plus l’importance de la Sup­ply Chain non seule­ment dans l’entreprise mais aus­si sa place dans l’économie et les échanges au niveau mondial. 

Les entre­prises devraient non seule­ment repen­ser leurs stra­té­gies de la chaîne d’approvisionnement mais aus­si, cela devrait être une ques­tion fon­da­men­tale au cœur de nos éco­no­mies. Je pense ici, au regard des coûts consi­dé­rables géné­rés suite aux tur­bu­lences vécues ces der­nières années pour ne citer pour exemple, la pan­dé­mie de la COVID-19, la guerre en Ukraine, l’obstruction du canal de Suez… 

Il est plus qu’important de recon­si­dé­rer cette pro­blé­ma­tique stra­té­gique et trou­ver de nou­velles pos­si­bi­li­tés ou amé­lio­rer l’existant, tout en com­bi­nant res­sources humaines et technologiques.

Clarisse, quel métier vous faisait rêver lorsque vous étiez enfant ?

Petite j’ai­mais grim­per aux arbres frui­tiers et en cueillir les fruits, sur­tout les mangues 😊

. Cette pra­tique était plus réser­vée aux gar­çons ! (rire). Je rêvais d’un métier de ter­rain et sur­tout en hau­teur… Lorsque je voyais les tech­ni­ciens ins­tal­ler des câbles élec­triques, je vou­lais faire comme eux ! 

Deman­dez-moi aujourd’hui si j’aime encore la hau­teur, je vous dirai que cela me donne le tour­nis (rire).

Mais j’ai gar­dé cet amour du ter­rain, de l’opérationnel, du contact quo­ti­dien, du chal­lenge. Dire que mes parents me voyaient comp­table… D’ailleurs en 2000, la logis­tique n’était pas recon­nue comme métier stra­té­gique au sein des entre­prises au Gabon. Aucune école supé­rieure ne pro­po­sait ce cursus. 

C’est l’institut Supé­rieur de Tech­no­lo­gie (IST) en col­la­bo­ra­tion avec l’IUT Bor­deaux IV qui intègre ce par­cours en 3ème année DUT Ges­tion des Entre­prises et des Admi­nis­tra­tions (GEA) en option Ges­tion Logis­tique et Trans­port (GLT).

Lorsque j’ai choi­si ce par­cours à la fin de ma deuxième année plu­tôt que l’option Comp­ta­bi­li­té, ma famille ne com­pre­nait pas. Moi, j’avais déjà la ferme convic­tion que c’était le métier d’avenir et incon­tour­nable pour l’entreprise… Aujourd’hui, lorsque je fais le point… je n’avais pas si tort que ça !

Parlez-nous de votre parcours et de vos expériences professionnelles ?

Après mon DUT en 2001, j’ai inté­gré Nest­lé Gabon en tant que Demand and Sup­ply Plan­ner. C’était mon pre­mier job et j’ai eu l’opportunité de tra­vailler dans un envi­ron­ne­ment inter­na­tio­nal avec plu­sieurs fournisseurs.

C’est au sein de Nest­lé que j’ai déve­lop­pé la culture du résul­tat, du res­pect des dead­lines et sur­tout, la réac­ti­vi­té et l’adaptabilité. Nous aimions célé­brer l’atteinte des objec­tifs. Mais j’ai aus­si appris à gérer le stress entre les sol­li­ci­ta­tions des équipes en interne et les aléas des appro­vi­sion­ne­ments avec les dif­fé­rents acteurs externes : Tran­sit – Douanes – Administrations… 

Cette expé­rience a été très enri­chis­sante tant sur le plan humain que sur le plan pro­fes­sion­nel. J’ai d’ailleurs gar­dé de très bonnes rela­tions avec mes anciens col­la­bo­ra­teurs. Je pense d’ailleurs à mon ancienne Res­pon­sable Vir­gi­nie Opas­sy (paix à son âme) qui m’a for­mée. Elle a été déter­mi­nante dans mon envie de pour­suivre mes études.

En 2008, j’ai obte­nu mon Mas­ter Affaires inter­na­tio­nales et Ingé­nie­rie Éco­no­mique. J’ai eu l’opportunité d’intégrer Elec­tra, filiale du Groupe SOGAFRIC au Gabon fin 2008. J’ai mis en place le ser­vice Admi­nis­tra­tion des Ventes et SAV afin d’apporter mon sup­port à la force de vente et à la logis­tique en vue de déli­vrer un ser­vice de qua­li­té aux clients. 

La stra­té­gie de l’entreprise était de se démar­quer et de pro­po­ser un ser­vice sup­plé­men­taire aux clients en B to C et en B to B. 

J’y suis res­tée un peu plus de 3 ans.

En 2012, vous acceptez un nouveau défi en intégrant une entreprise de prestation logistique…

En effet, j’ai rejoint TRANSFORM, une entre­prise de pres­ta­tion logis­tique en trans­port de mar­chan­dises, hydro­car­bures et manu­ten­tions. Et ça a été un gros chal­lenge pour moi. Entre­prise en pleine restruc­tu­ra­tion après la reprise par le Groupe ACK, j’ai d’abord été Res­pon­sable de la pla­te­forme logis­tique, ne mana­geant que des hommes. 

Je dirais que les débuts ont été dif­fi­ciles car dans les fonc­tions opé­ra­tion­nelles, on trouve his­to­ri­que­ment moins de femmes, même si cela change peu à peu. Ma force a été réus­sir à fédé­rer mes équipes vers un objec­tif com­mun, la satis­fac­tion du client.

Puis, j’ai eu la res­pon­sa­bi­li­té de mettre en place le dépar­te­ment Admi­nis­tra­tion des Ventes afin de per­mettre une réelle prise en charge de toute la chaine de valeur : de la com­mande jusqu’à la réa­li­sa­tion de la pres­ta­tion en pas­sant par la fac­tu­ra­tion et le sui­vi des règle­ments. Ce poste à 360° me per­met­tait de coor­don­ner et d’avoir une vision glo­bale de toutes les acti­vi­tés de la Sup­ply Chain et d’être en contact avec les autres fonc­tions de l’entreprise.

Fin 2020, je décide de mon­ter en com­pé­tence en inté­grant la SKEMA BS en vue de pré­pa­rer un Mas­ter Spé­cia­li­sé en Mana­ge­ment de Pro­jets. Tout ceci, pour pou­voir inté­grer des équipes de pro­jets et accom­pa­gner l’entreprise dans ses pro­blé­ma­tiques de Sup­ply Chain, de rela­tion client, d’amélioration des outils de Gestion…

Quel a été le déclic, la rencontre ou l’expérience qui vous a amené à vous intéresser à la Supply Chain et à la logistique ?

J’ai effleu­ré le sujet plus haut : je n’ai eu aucun déclic.

Pour ma part, il était clair que la logis­tique était un métier d’avenir et que je ne m’y ennuie­rai pas. J’aime bou­ger, être chal­len­gée. Pour moi c’était le métier idéal.

En deuxième année de DUT, j’ai fait un stage décou­verte. Je l’ai pas­sé sur un site, on va dire un dépôt. J’ai appris la pré­pa­ra­tion de com­mande, les zones de sto­ckage, des livrai­sons, l’u­ti­li­sa­tion d’un ERP… Je crois que c’était le début de mon amour pour ce métier pas­sion­nant avec une large diver­si­té de fonctions…

Votre plus gros challenge ?

La mise en place du ser­vice ADV / SAV au sein d’Electra avec mon équipe de 6 per­sonnes a été mon réel challenge. 

Cette année-là, je bou­clais mon Mas­ter en Logis­tique, je fina­li­sais mon stage à Coca Cola Entre­prise et c’était le retour au Gabon. Ima­gi­nez toutes les ques­tions qui peuvent vous pas­ser par l’esprit à ce moment… La plus récur­rente c’était de savoir si j’aurai la capa­ci­té d’assurer ce poste et d’y appor­ter une valeur ajoutée.

En effet, ce poste avait été créé suite aux recom­man­da­tions d’un cabi­net de conseil pour 2 objec­tifs prin­ci­paux : amé­lio­rer le CA et la rela­tion client.

Je devais donc m’assurer de la satis­fac­tion des clients en pre­nant en charge leurs com­mandes en back office. Il y avait une grosse pro­blé­ma­tique de sui­vi de stock de pièces déta­chées géné­rant des coûts impor­tants et de fortes récla­ma­tions clients qui impac­taient le CA. Mais aus­si, la ges­tion des plan­nings de livrai­son et mon­tage, élé­ment impor­tant de la satis­fac­tion client dans notre activité.

J’avais aus­si pour objec­tif de mettre en place des pro­cé­dures de ges­tion et de m’assurer de leur appli­ca­tion. Essayer d’améliorer les pro­cess et pro­cé­dures en vue d’implémenter les best-prac­tices nous emmène par­fois à des conflits voire à des résis­tances. Sur­tout lorsque les col­la­bo­ra­teurs ont déjà leur manière de faire dans l’entreprise…

Et pourtant, la résistance première au changement s’est transformée en succès ?

Chaque jour repré­sen­tait en effet un nou­veau chal­lenge. Il fal­lait non seule­ment coor­don­ner les équipes en internes mais aus­si gérer la rela­tion client. C’était une pre­mière pour moi d’être réel­le­ment confron­tée à la ges­tion de la rela­tion humaine dans la conduite du changement.

J’avoue que çà a été une par­tie de mon job la plus contrai­gnante dès les débuts. Mais les résul­tats ont été au ren­dez-vous : meilleure visi­bi­li­té des com­mandes, bonne ges­tion des four­nis­seurs de PD, des pres­ta­taires et des stocks, aug­men­ta­tion du CA pour atteindre à ma 3ème année un chiffre his­to­rique jamais réa­li­sé par l’entreprise, de plus de 30%. 

Le Ser­vice a pris de plus en plus de légi­ti­mi­té et j’avoue que nous étions une bonne équipe à cette période et je parle là de toute l’entreprise !

Mer­ci au pas­sage à Patrice ZAVROSA (Direc­teur Géné­ral) et Michèle IZORET (Direc­trice des Opé­ra­tions) qui m’ont fait confiance.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Alors des bons sou­ve­nirs, j’en ai tel­le­ment avec mes col­la­bo­ra­teurs.  Même si j’avoue que tout n’a pas été rose non plus !

Dans ma vie pro­fes­sion­nelle, mon meilleur sou­ve­nir c’est en Sep­tembre 2020, durant ma der­nière semaine de tra­vail à TRANSFORM. L’un de mes agents s’est dépla­cé spé­cia­le­ment de l’un de nos sites pour avoir un entre­tien avec moi. Il tenait à me remer­cier pour ma per­sé­vé­rance, mon pro­fes­sion­na­lisme et le tra­vail que j’avais abat­tu durant mes huit années et demi au sein de l’entreprise. Ce moment a été unique et marquant.

On se pose par­fois la ques­tion de savoir : « Qu’est-ce qu’on laisse der­rière nous ? »… Et avoir de tels mes­sages ne peut que nous combler.

Quelles sont les qualités essentielles pour exercer votre métier ?

Plu­sieurs soft skills sont essen­tielles pour mieux inté­grer le monde de la Sup­ply Chain. Je cite­rais volon­tiers quelques-unes qui me semblent importantes :

  • L’esprit d’équipe : savoir s’intégrer et fédé­rer une équipe dans ce métier est néces­saire. Avoir un rela­tion­nel très déve­lop­pé en vue de mieux abor­der les aléas et sur­tout, avoir un objec­tif com­mun. C’est un métier où il faut bien gérer le stress. La mutua­li­sa­tion des com­pé­tences ne peut qu’être impac­tante dans la chaine de valeur.
  • La com­mu­ni­ca­tion : elle vient ren­for­cer le point pré­cé­dent. La Sup­ply Chain implique d’avoir un esprit ouvert aux autres. En effet, ce métier sup­pose d’être conti­nuel­le­ment en contact. Non seule­ment nos col­la­bo­ra­teurs mais aus­si, direc­te­ment ou indi­rec­te­ment en contact avec les par­ties pre­nantes externes à notre chaine de valeur.
  • La rigueur : la logis­tique implique aus­si cette qua­li­té. Car il suf­fit d’une petite négli­gence pour géné­rer des coûts impor­tants et impac­ter toute la chaîne.

Si vous pouviez décrire votre métier en une image ?  

Une chaîne dont chaque maillon est néces­saire et inter­con­nec­té avec d’autres maillons.

Photo - Une chaîne et ses maillons - Interview Passion Supply Chain

Que faire pour main­te­nir la chaîne de valeur afin qu’elle assure son objectif ?

Si elle se brise, elle n’a plus de valeur… Il fau­dra reconstruire.

Et c’est jus­te­ment ce que repré­sente la Sup­ply Chain : s’adapter, s’inscrire dans un pro­ces­sus d’amélioration conti­nue, être agile, appor­ter des solutions…

« La Sup­ply Chain doit tou­jours être repen­sée pour être en phase avec son environnement. »

Quelles sont les difficultés liées à la nature de votre métier ?

La com­plexi­té de l’environnement et l’incertitude. Nous l’avons vu avec la Covid. C’est ce qui déve­loppe dans le métier l’adaptabilité, l’agilité et sur­tout la réactivité.

Les enjeux de la Supply Chain sont passionnants. Si vous deviez convaincre des étudiants de s’intéresser aux métiers de la Supply Chain : que leurs diriez-vous ?

Un métier fas­ci­nant qui nous per­met d’avoir une vision glo­bale des fonc­tions de l’entreprise et qui nous chal­lenge quotidiennement.

Mer­ci d’avoir accep­té de par­ta­ger avec nous et avec entrain votre pas­sion Sup­ply Chain Clarisse !